1958-1967 Le temps des ambitions

Publié le 9 janvier 2007

Texte issu de la brochure du cinquantenaire de l’AJEF.

Naissance du Marché commun et plan d’assainissement Pinay-Rueff, symbolisé par l’introduction du nouveau franc le 1er janvier 1960: deux événements phares qui marquent le début de la période gaulliste. Les accords d’Evian de 1962 qui mettent fin à la guerre d’Algérie et le traité d’amitié franco-allemand de 1963 vont indiquer clairement le changement d’orientation de la politique française.

Sur le plan international, la France affirme ses positions, parfois sans ménagemen : vis-à-vis de ses partenaires européens en opposant son veto à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, puis en provoquant la crise de la “chaise vide” en 1965 ; vis- à-vis des Américains en contestant l’hégémonie du dollar.

A l’intérieur, c’est l’ère des grands projets et des “grands commis de l’Etat”: Paul Delouvrier, aménageur de la région parisienne et père des villes nouvelles, François Bloch-Lainé qui, à la Caisse des Dépôts, lance une grande politique de logement social, Pierre Guillaumat, l’homme de l’atome puis du pétrole, Pierre Massé, qui s’attache à faire du Plan un “réduc- teur d’incertitudes”… On lance, dès 1961, le projet franco-britannique de supersonique Concorde, on entreprend les travaux de la première ligne de RER, on crée la Datar en 1963… On pense aussi aux conditions de vie des Français : la “répartition des fruits de la crois- sance” est le thème en vogue (ordonnances sur l’intéressement en 1967), et le nombre de logements mis en chantier bondit de 300 000 à 500 000 au cours des années 60.

La presse économique observe avec une certaine fascination l’action de cette technocratie triomphante et la montée en puissance des grandes directions de Rivoli – le Budget et le Trésor. Mais elle salue aussi les signes annonciateurs du changement, notamment dans les
modes de consommation : apparition du consumérisme, ouverture du premier hypermarché en 1963. Préoccupé de l’importance croissante de la télévision, le gouvernement la place sous son contrôle en 1964 avec la création de l’ORTF. Cependant, la presse écrite évolue. L’exemple des magazines économiques américains inspire la création par L’Express et McGraw Hill, en 1967, du mensuel L’Expansion. Dans les journaux, les rubriques se spécialisent et le niveau des recrutements s’élève.

On recherche toujours davantage le dialogue direct avec les responsables. A partir de 1958, l’Ajef commence à organiser des déjeuners-débats confrontant les hommes politiques, hauts fonctionnaires ou chefs d’entre- prise avec les journalistes.