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Pause et réflexion avant un nouveau départ. Après onze années de débats passionnants, il est temps de renouveler cette formule interactive pour tenir compte des besoins de la société civile tout en tirant parti des possibilités du numérique.

A ceux qui nous interrogent sur les prochains Amphis de l’AJEF, sachez que cette année sera consacrée à une réflexion avant un nouveau départ.

Après onze années de débats passionnants, il nous a semblé qu’il fallait renouveler cette formule interactive pour tenir compte des besoins des lycéens, des étudiants, des enseignants et d’un public très divers tout en tirant parti des possibilités du  numérique.

Merci à tous nos conférenciers, qui, au fil des années, ont su apporter des éléments d’expertise et de réflexion sur les problèmes qui sont au cœur des préoccupations des citoyens -et pas seulement de l’homo economicus-. Ce fut encore le cas durant le cycle 2015-16, avec une série de conférences consacrées à l’emploi et au travail avec des intervenants de haut niveau.
Merci également à tous ceux qui, au Cnam, puis à la Sorbonne, et enfin au lycée Louis-le-Grand, ont fait confiance à l’Ajef et sont venus nombreux écouter et débattre avec les conférenciers lors de ces Amphis.

Nous vous tiendrons, bien sûr, au courant du développement de nos projets.

Le bureau de l’Ajef


					
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« Un défi à relever d’urgence : renforcer la productivité tout en veillant à ce que les fruits de la croissance économique soient partagés par tous », avec Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, mardi 24 mai

  • Croissance faible, chômage, inégalités, perte de confiance des opinions publiques: l’héritage de la crise reste lourd
  • Conjuguer hausse de la productivité et bien être de chacun implique d’innover en matière d’éducation, de santé, d’emplois
  • Il faut augmenter de 0,5% les investissements dans les projets ayant des effets multiplicateurs comme les infrastructures

Le constat dressé par le secrétaire général de l’OCDE est préoccupant : la croissance mondiale ne dépassera guère 3% cette année alors qu’elle était de 4% il y a huit ans, avant que n’éclate la crise; le chômage reste élevé; un temps les locomotives de l’économie mondiale, les pays émergents voient leur croissance ralentir lorsqu’ils ne sont pas, comme le Brésil ou la Russie, en récession. Le commerce international qui devrait augmenter à un rythme de 7% ne progresse que de 3% et les investissements, deux fois moins élevés que ce qu’ils devraient être, n’ont toujours pas rattrapé leur niveau d’avant la crise. Une crise dont « l’héritage est encore aujourd’hui lourd pour la croissance, le chômage, les inégalités et la perte de confiance des opinions publiques dans les institutions, les politiques, les banques » s’inquiète le secrétaire général pour qui « tout ce qu’on a bâti durant 100 ans » semble remis en cause.

Comment inverser la tendance et augmenter une productivité dont l’augmentation reste faible -0,7% l’an entre 2008 et 2015 contre1,7% entre 2000 et 2007- en évitant le double piège de licenciements massifs et d’une « redistribution d’un gâteau qui n’augmente pas » ? Des pistes de réponses seront recherchées lors du Forum et de la ministérielle de l’OCDE du 31 mai au 2 juin 2016 dont le thème majeur estla quête d’une « productivité et croissance inclusive ». Une terminologie « délicieusement provocatrice » reconnait Angel Gurria qui rappelle aux sceptiques que lorsque l’OCDE s’est lancée dans la promotion d’une « croissance verte », désormais entrée dans tous les esprits, l’Organisation s’était heurtée aux critiques de ceux qui ne voyaient pas comment conjuguer les contraintes de la croissance et de l’environnement. Cette fois-ci, il s’agit de trouver les moyens de renforcer la productivité pour doper la croissance sans mettre à mal ce qui constitue le bien être de chacun, l’éducation, la santé, l’emploi.

Un exemple: comment profiter des atouts du numérique qui, avec la robotisation, pourrait menacer 9% des emplois selon les dernières études de l’Organisation -et non 47% comme certains experts l’ont affirmé- ? La réponse est claire pour le secrétaire général : « la compétence » autrement dit, l’éducation, la formation –« sans réinventer la roue, mais en réallouant les crédits formation »- et l’innovation, donc les investissements. Comme 8 années de consolidation budgétaire et de supervision des banques ont rendu le système financier plus stable, il existe aujourd’hui « un espace pour investir plus dans des projets ayant des effets multiplicateurs ». Aussi Angel Gurria lance un appel pour que soient augmentés de 0,5% les investissements dans ce type de projets, « idéalement dans les infrastructures ». Un appel à une hausse des dépenses publiques qui s’adresse au premier chef aux pays qui, comme l’Allemagne, disposent d’une marge de manœuvre budgétaire. Mais pas uniquement. Car de telles dépenses publiques, si elles augmenteront légèrement la dette publique, au début, enclencheront une plus forte croissance au bout de 2 à 3 ans et aboutiront à une réduction du ratio dette sur pib.

Un appel qui n’empêche nullement que des réformes soient menées à bien jusque dans les grands pays qui, tels l’Allemagne et la France, n’ont pas été malmenés par les marchés financiers contrairement à l’Irlande, le Portugal, l’Italie, la Grèce. Et n’ont pas ressenti l’urgence de devoir s’adapter à de nouvelles réalités. Sur ce terrain, Angel Gurria salue la réforme du marché du travail française « qui rend plus claires les conditions de licenciement économique». S’il reconnait que « la diminution du chômage ne sera que graduelle », il rappelle qu’après avoir entériné de difficiles mesures d’assouplissement du marché du travail, l’Italie, par exemple, en touche les fruits et a pu créer 2 millions d’emplois. Bref, en dépit des réticences au changement, il faut accepter d’évoluer.

F.C.

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Les lauréats des Prix du Meilleur Article Financier 2016 Banque de France, créé par Lire l’Economie en partenariat avec l’Ajef

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Philippe Escande, dans la catégorie Journalistes confirmés, pour son article : Les fantômes de Bretton Woods, paru en juillet 2015 dans Le Monde Eco & Entreprises.

Jérémy Perraud, dans la catégorie Jeunes Journalistes, pour son article : Bel Maille : les dessous d’une liquidation bien préparée, paru en novembre 2015 dans Le Progrès, édition de Roanne.

Au nom de la Banque de France, Marc-Olivier Strauss-Kahn, directeur général des Etudes et des Relations internationales, accompagné des membres du jury*, a remis ces prix le jeudi 12 mai 2016 à la Banque de France.

Le Prix du Meilleur Article Financier créé en 2010 par Luce Perrot, présidente de Lire l’Economie, en partenariat avec l’Ajef et la Banque de France, a pour but de mettre en valeur et de récompenser le travail des journalistes, permettant aux citoyens de mieux appréhender les sphères économiques et financières, jugées souvent comme lointaines et difficiles à comprendre.

Membres du Jury* (par ordre alphabétique) : Yann Algan, Agnès Bénassy-Quéré, Philippe Chalmin, Annie Cot, François de Coustin, Françoise Crouïgneau, Gabrielle Demange, Marc Ivaldi, Anne Le Lorier, Serge Marti, Olivier Pastré, Luce Perrot, Alain-Gérard Slama et Marc-Olivier Strauss-Kahn.  

 

« Numérique, emploi, inégalités : repenser le travail face à l’accélération technologique », avec Stefano Scarpetta, directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE, mercredi 18 mai à 13H15*

Quelques mois après l’atelier OCDE/Ajef sur l’avenir du travail dans un monde numérique, l’OCDE publie une note d’orientation avec de nouvelles données sur les destructions d’emplois provoquées par l’automatisation et la désintermédiation de la quatrième révolution industrielle ainsi que son impact sur la montée des inégalités.

L’OCDE et l’Ajef vous invitent le mercredi 18 mai 2016 à découvrir ces nouvelles données qui alimentent – mais contredisent aussi, parfois – certaines des études menées sur les risques que la révolution numérique fait peser sur les emplois et l’organisation du travail.

Cet atelier sera animé par Philippe Plassart, rédacteur en chef au Nouvel Économiste et membre du bureau de l’Ajef.

Les places étant limitées, nous vous demandons de bien vouloir vous inscrire auprès de caroline.tourrier@oecd.org (01 45 24 80 99) dans les meilleurs délais.

OCDE, 2 rue André Pascal 75016 Paris

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« Entreprises et participations publiques : quels objectifs pour l’Etat actionnaire ? » avec Martin Vial, Commissaire aux participations de l’Etat. Débat animé par Philippe Plassart, le mercredi 15 juin

Créée en 2004, l’Agence des participations de l’Etat (APE), via la présence publique dans le capital de 77 entreprises pour une valeur d’environ 100 milliards d’euros, est une agence essentielle du ministère de l’Economie et du ministère des Finances pour définir et mettre en œuvre la stratégie actionnariale de l’Etat comme le montre régulièrement l’actualité. Martin Vial, son Commissaire, exposera les objectifs et les moyens dont dispose l’APE pour mener à bien sa tâche avant de répondre aux questions des journalistes.
Débats animés par Philippe PLASSART, rédacteur en chef au Nouvel Economiste et membre du bureau de l’AJEF

Au Restaurant le Cercle

Bercy, Bâtiment Colbert

139 rue de Bercy – 75012 Paris

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Avec Patrice Caine, PDG de Thales : après cinq années difficiles, le groupe spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, les transports et la sécurité reprend des couleurs, mercredi 11 mai à 08H15

  • Thales met l’accent sur le civil, un domaine plus fluide et dynamique que la défense
  • Investissements dans la défense : la France est au bord de la falaise
  • L’Etat doit réallouer son capital industriel dans les secteurs où nous pouvons être leaders

Les défis du groupe Thales sont multiformes, rappelle son pdg, Patrice Caine. Il lui faut répondre à 5 grands types de clients (dans la défense, la sécurité, l’aéronautique, le spatial et le transport terrestre). Et, dans un monde interconnecté et interdépendant, bourré de logiciels exigeant une sécurité à la hauteur des menaces de la cybercriminalité, « l’erreur est intolérable ».

Présent dans 56 pays, le groupe compte 60 000 salariés dont 30 000 encore en France et bénéficie d’une « visibilité exceptionnelle sur trois ans » qui lui permet de tabler sur un rythme de croissance de 5% l’an et de viser progressivement une profitabilité à deux chiffres, grâce notamment aux commandes des pays émergents qui ont doublé entre 2012 et 2015 pour atteindre 6 milliards d’euros. Ses activités se répartissent pour 50% dans le domaine de la défense et, « ce qui est moins connu » pour 50% dans le domaine civil, sur lequel Patrice Caine tient à « continuer à mettre l’accent » car les contraintes, notamment en matière de transfert de technologie, y sont moins fortes que dans le domaine de la défense. Un domaine plus fluide et dynamique, compte tenu des besoins des pays émergents.

Les actionnaires soutiennent cette stratégie, car le développement du civil s’annonce « considérable ». Dans les pays émergents mais aussi dans les pays « matures » où tout ce qui est signalisation doit être modernisé. Ainsi, le contrat sur la signalisation du métro de Londres a été de 1 milliards d’euros. Le spatial, par ailleurs « vit une petite révolution », et constitue un domaine très porteur. Et de nouveaux marchés s’ouvrent avec la connectique. Pour les trains, par exemple, le premier marché qui décollera est celui de la Chine, qui part de zéro.

Cette stratégie n’empêche pas Patrice Caine de se féliciter, bien sûr, de la signature d’un méga-contrat de 34 milliards d’euros pour la construction de 12 sous-marins entre l’Australie et le groupe DCNS, spécialiste du naval de défense détenu par l’Etat et Thales. Les discussions sur sa réalisation « commenceront au 1er trimestre 2217 ». Et d’ici à la première livraison de sous-marins, en 2030, il faudra déterminer qui, de la France ou de la Grande Bretagne, obtiendra la commande des sonars, ces « cerveaux » des sous-marins. Thales, présent de longue date en Australie où il compte 3000 salariés, pense être bien placé.

Interrogé sur l’évolution des budgets de défense, Patrice Caine estime que l’Europe est « à un point d’inflexion ». La France, la Grande Bretagne, l’Allemagne ont annoncé une hausse de leurs crédits, « mais cela va prendre des années avant de se traduire en commandes ». En France, « si on descend plus bas, c’est le déclassement. On l’a évité mais on est au bord de la falaise ».

Qu’il s’agisse de la défense ou du civil, la priorité reste l’innovation avec trois axes:

– Des investissements de 2 à 3 milliards par an dont 700 millions sont autofinancés, le solde l’étant par les clients de Thalès. Dans cette « grande usine de R&D » 25 000 salariés et de nombreux data scientists se consacrent à la recherche, en collaboration avec des laboratoires de nombreux pays, du CNRS en France, au MIT, en passant par la Pologne ou Singapour

– Un « écosystème créé avec des entreprises innovantes bien avant que cela ne soit à la mode ». Pour en connaitre les atouts, le pdg de Thalès ne sous-estime pas les difficultés d’être un « intégrateur d’innovation » entre un grand groupe et des PME, même s’il se veut « respectueux » des entreprises de petite taille

– Innover avec le client grâce à des « innovation hubs » permettant de répondre au plus près des besoins de clients, tels les Compagnies aériennes.

Responsable d’un groupe confronté à une concurrence internationale aiguë, comment Patrice Caine juge-t-il la situation de la France et la politique industrielle du gouvernement ? Les Français découvrent que « nulle entreprise n’est immortelle », que ce soit Edf, Areva ou la SNCF souligne-t-il. Avant de plaider pour que l’Etat « réalloue son capital industriel » là où la France peut être leader : l’énergie, le spatial, l’aéronautique, la défense, par exemple, quitte à se désengager de certains secteurs. Il lui revient de « faire des choix sans vouloir tout faire et s’occuper de tout ».Et dans un monde « de plus en plus rapide », tout ce qui permet aux entreprises d’être plus agiles est important. Un discret constat en cette période de polémique sur la loi El Khomri.

F.C.

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« Quelles réponses aux incertitudes économiques mondiales? », avec Pascal Lamy, président emeritus de l’Institut Jacques Delors, mercredi 20 avril

 

  • La persistance de taux d’intérêt réels négatifs est une menace pour l’économie mondiale
  • Le projet de traité TAFTA/TTIP ne sera pas conclu rapidement
  • Le modèle européen demeure enviable « pour le reste de la planète »

En dépit d’une croissance mondiale ralentie, les incertitudes ne proviennent pas de la situation de l’économie réelle mais plutôt de la façon dont il faudra sortir de la problématique posée par l’actuelle politique de taux d’intérêt réels négatifs qui semble s’inscrire dans la durée. Avec pour corollaire des liquidités en surabondance et le risque de bulle qui pourrait en découler, estime Pascal Lamy. Dans ce contexte, le supplément de demande adressé à nos économies ne pourra provenir que de l’extérieur, assure le président emeritus de Notre Europe, estimant qu’il revient au FMI de trouver au plus vite des solutions à ce déséquilibre dans la mesure où les marchés ne savent pas à eux seuls « comment éponger ces liquidités ».

Interrogé sur l’évolution du commerce mondial et sur l’action actuelle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’il a pilotée de 2005 à 2009, l’ancien directeur-général de l’organisation genevoise, s’est félicité des accords multilatéraux conclu à Bali sur l’alignement des procédures douanières et à Nairobi sur la fin des subventions agricoles. Quant au projet de traité commercial transatlantique – dit TAFTA ou TTIP – il a estimé que les vives réactions négatives des opinions publiques, notamment en Allemagne mais aussi en France, s’expliquent par une prise en compte insuffisante de la part des négociateurs, d’un nouveau climat « précautionniste, plutôt que protectionniste » qui prévaut actuellement, peu propice à prendre des risques.

Ce projet de traité a comme ingrédients « 20% de vieux monde et 80% de nouveau monde » et on a conduit les premières étapes de la négociation avec une vision focalisée sur « le vieux monde », a-t-il déploré, estimant que « on n’a pas encore atteint le 1er étage », signe que la conclusion d’un éventuel accord n’interviendra pas aussi rapidement qu’escompté, à savoir avant la fin du second mandat de Barack Obama, en novembre prochain.

A propos de l’Europe et des crises auxquelles elle est actuellement confrontée – les migrants, la menace de « Brexit », la montée des populismes et des refus, illustré par la victoire du « non » aux Pays Bas à propos de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine – Pascal Lamy persiste à penser qu’elles seront surmontées. Ne fût-ce que parce qu’elles « obligent à opter pour des solutions européennes ». En dépit de ces difficultés, le modèle européen « demeure enviable pour le reste de la planète », affirme celui qui a été chargé par Manuel Valls d’organiser la candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025.

Il reconnaît cependant, au vu d’une étude à paraître prochainement de l’Institut Jacques Delors, que si le sentiment d’appartenance à l’Union Européenne est resté relativement stable au cours des 10 dernières années au sein des 28 pays-membres, la confiance que les opinions publiques européennes accordent désormais à l’UE pour faire face au défis d’aujourd’hui et demain, a subi un sévère décrochage entre 2005 et 2015. Un constat préoccupant au moment où l’Union aurait pu se féliciter, ces jours-çi, de ses 65 années d’existence depuis la première étape de la construction européenne avec la naissance de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le 18 avril 1951.

S.M.

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