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Avec Patrice Caine, PDG de Thales : après cinq années difficiles, le groupe spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, les transports et la sécurité reprend des couleurs, mercredi 11 mai à 08H15

  • Thales met l’accent sur le civil, un domaine plus fluide et dynamique que la défense
  • Investissements dans la défense : la France est au bord de la falaise
  • L’Etat doit réallouer son capital industriel dans les secteurs où nous pouvons être leaders

Les défis du groupe Thales sont multiformes, rappelle son pdg, Patrice Caine. Il lui faut répondre à 5 grands types de clients (dans la défense, la sécurité, l’aéronautique, le spatial et le transport terrestre). Et, dans un monde interconnecté et interdépendant, bourré de logiciels exigeant une sécurité à la hauteur des menaces de la cybercriminalité, « l’erreur est intolérable ».

Présent dans 56 pays, le groupe compte 60 000 salariés dont 30 000 encore en France et bénéficie d’une « visibilité exceptionnelle sur trois ans » qui lui permet de tabler sur un rythme de croissance de 5% l’an et de viser progressivement une profitabilité à deux chiffres, grâce notamment aux commandes des pays émergents qui ont doublé entre 2012 et 2015 pour atteindre 6 milliards d’euros. Ses activités se répartissent pour 50% dans le domaine de la défense et, « ce qui est moins connu » pour 50% dans le domaine civil, sur lequel Patrice Caine tient à « continuer à mettre l’accent » car les contraintes, notamment en matière de transfert de technologie, y sont moins fortes que dans le domaine de la défense. Un domaine plus fluide et dynamique, compte tenu des besoins des pays émergents.

Les actionnaires soutiennent cette stratégie, car le développement du civil s’annonce « considérable ». Dans les pays émergents mais aussi dans les pays « matures » où tout ce qui est signalisation doit être modernisé. Ainsi, le contrat sur la signalisation du métro de Londres a été de 1 milliards d’euros. Le spatial, par ailleurs « vit une petite révolution », et constitue un domaine très porteur. Et de nouveaux marchés s’ouvrent avec la connectique. Pour les trains, par exemple, le premier marché qui décollera est celui de la Chine, qui part de zéro.

Cette stratégie n’empêche pas Patrice Caine de se féliciter, bien sûr, de la signature d’un méga-contrat de 34 milliards d’euros pour la construction de 12 sous-marins entre l’Australie et le groupe DCNS, spécialiste du naval de défense détenu par l’Etat et Thales. Les discussions sur sa réalisation « commenceront au 1er trimestre 2217 ». Et d’ici à la première livraison de sous-marins, en 2030, il faudra déterminer qui, de la France ou de la Grande Bretagne, obtiendra la commande des sonars, ces « cerveaux » des sous-marins. Thales, présent de longue date en Australie où il compte 3000 salariés, pense être bien placé.

Interrogé sur l’évolution des budgets de défense, Patrice Caine estime que l’Europe est « à un point d’inflexion ». La France, la Grande Bretagne, l’Allemagne ont annoncé une hausse de leurs crédits, « mais cela va prendre des années avant de se traduire en commandes ». En France, « si on descend plus bas, c’est le déclassement. On l’a évité mais on est au bord de la falaise ».

Qu’il s’agisse de la défense ou du civil, la priorité reste l’innovation avec trois axes:

– Des investissements de 2 à 3 milliards par an dont 700 millions sont autofinancés, le solde l’étant par les clients de Thalès. Dans cette « grande usine de R&D » 25 000 salariés et de nombreux data scientists se consacrent à la recherche, en collaboration avec des laboratoires de nombreux pays, du CNRS en France, au MIT, en passant par la Pologne ou Singapour

– Un « écosystème créé avec des entreprises innovantes bien avant que cela ne soit à la mode ». Pour en connaitre les atouts, le pdg de Thalès ne sous-estime pas les difficultés d’être un « intégrateur d’innovation » entre un grand groupe et des PME, même s’il se veut « respectueux » des entreprises de petite taille

– Innover avec le client grâce à des « innovation hubs » permettant de répondre au plus près des besoins de clients, tels les Compagnies aériennes.

Responsable d’un groupe confronté à une concurrence internationale aiguë, comment Patrice Caine juge-t-il la situation de la France et la politique industrielle du gouvernement ? Les Français découvrent que « nulle entreprise n’est immortelle », que ce soit Edf, Areva ou la SNCF souligne-t-il. Avant de plaider pour que l’Etat « réalloue son capital industriel » là où la France peut être leader : l’énergie, le spatial, l’aéronautique, la défense, par exemple, quitte à se désengager de certains secteurs. Il lui revient de « faire des choix sans vouloir tout faire et s’occuper de tout ».Et dans un monde « de plus en plus rapide », tout ce qui permet aux entreprises d’être plus agiles est important. Un discret constat en cette période de polémique sur la loi El Khomri.

F.C.

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« Quelles réponses aux incertitudes économiques mondiales? », avec Pascal Lamy, président emeritus de l’Institut Jacques Delors, mercredi 20 avril

 

  • La persistance de taux d’intérêt réels négatifs est une menace pour l’économie mondiale
  • Le projet de traité TAFTA/TTIP ne sera pas conclu rapidement
  • Le modèle européen demeure enviable « pour le reste de la planète »

En dépit d’une croissance mondiale ralentie, les incertitudes ne proviennent pas de la situation de l’économie réelle mais plutôt de la façon dont il faudra sortir de la problématique posée par l’actuelle politique de taux d’intérêt réels négatifs qui semble s’inscrire dans la durée. Avec pour corollaire des liquidités en surabondance et le risque de bulle qui pourrait en découler, estime Pascal Lamy. Dans ce contexte, le supplément de demande adressé à nos économies ne pourra provenir que de l’extérieur, assure le président emeritus de Notre Europe, estimant qu’il revient au FMI de trouver au plus vite des solutions à ce déséquilibre dans la mesure où les marchés ne savent pas à eux seuls « comment éponger ces liquidités ».

Interrogé sur l’évolution du commerce mondial et sur l’action actuelle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’il a pilotée de 2005 à 2009, l’ancien directeur-général de l’organisation genevoise, s’est félicité des accords multilatéraux conclu à Bali sur l’alignement des procédures douanières et à Nairobi sur la fin des subventions agricoles. Quant au projet de traité commercial transatlantique – dit TAFTA ou TTIP – il a estimé que les vives réactions négatives des opinions publiques, notamment en Allemagne mais aussi en France, s’expliquent par une prise en compte insuffisante de la part des négociateurs, d’un nouveau climat « précautionniste, plutôt que protectionniste » qui prévaut actuellement, peu propice à prendre des risques.

Ce projet de traité a comme ingrédients « 20% de vieux monde et 80% de nouveau monde » et on a conduit les premières étapes de la négociation avec une vision focalisée sur « le vieux monde », a-t-il déploré, estimant que « on n’a pas encore atteint le 1er étage », signe que la conclusion d’un éventuel accord n’interviendra pas aussi rapidement qu’escompté, à savoir avant la fin du second mandat de Barack Obama, en novembre prochain.

A propos de l’Europe et des crises auxquelles elle est actuellement confrontée – les migrants, la menace de « Brexit », la montée des populismes et des refus, illustré par la victoire du « non » aux Pays Bas à propos de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine – Pascal Lamy persiste à penser qu’elles seront surmontées. Ne fût-ce que parce qu’elles « obligent à opter pour des solutions européennes ». En dépit de ces difficultés, le modèle européen « demeure enviable pour le reste de la planète », affirme celui qui a été chargé par Manuel Valls d’organiser la candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025.

Il reconnaît cependant, au vu d’une étude à paraître prochainement de l’Institut Jacques Delors, que si le sentiment d’appartenance à l’Union Européenne est resté relativement stable au cours des 10 dernières années au sein des 28 pays-membres, la confiance que les opinions publiques européennes accordent désormais à l’UE pour faire face au défis d’aujourd’hui et demain, a subi un sévère décrochage entre 2005 et 2015. Un constat préoccupant au moment où l’Union aurait pu se féliciter, ces jours-çi, de ses 65 années d’existence depuis la première étape de la construction européenne avec la naissance de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), le 18 avril 1951.

S.M.

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4ème édition du Printemps de l’Economie, du 8 au 14 avril

Cet événement original s’adresse au grand public, aux jeunes (lycéens, étudiants, jeunes actifs…) en particulier, pour leur offrir une meilleure compréhension de l’économie et leur donner des clés de citoyenneté. Une occasion unique pour tous de débattre d’économie avec des économistes, sociologues, philosophes,chefs d’entreprises, politiques, artistes ou sportifs.

Programme et inscription ici.

« La fin du travail salarié est-elle pour bientôt ? », avec Monique Dagnaud, sociologue au CNRS, et Philippe Askenazy, directeur de recherche CNRS-Ecole d’Economie de Paris, mercredi 13 avril à 20H00

Arrivés au terme de ce cycle de conférences consacré à l’emploi et au travail, que constatons-nous ?

Sous l’effet de la mondialisation et des nouvelles technologies, le marché du travail devient de plus en plus bipolaire, avec d’un côté des compétences très recherchées et fort bien rémunérées et de l’autre de grandes difficultés d’insertion pour les moins qualifiés. Une croissance plus dynamique permettrait certes de réduire le chômage, elle ne permettrait pas de résoudre à elle seule tous les problèmes d’adaptation aux évolutions en cours. Le débat autour de la réforme du Code du travail est la démonstration la plus évidente de la difficulté à faire face à ces évolutions. Dans ce contexte de grand incertitude, on voit ressurgir l’idée de la fin du salariat face à la montée de nouvelles formes de travail comme l’auto-entreprenariat.

L’économiste Philippe Askenazy nous dira si cette tendance maintes fois annoncée dans le passé se confirme effectivement. La sociologue Monique Dagnaud nous expliquera comment les jeunes générations voient leur avenir professionnel… et les jeunes sont invités à venir participer à la discussion et nous dire si les discours des économistes et des sociologues reflètent bien la réalité qu’ils vivent.

Pour respecter les consignes de sécurité, une inscription préalable (amphis.ajef@gmail.com) est nécessaire. Une pièce d’identité pourra être demandée à l’entrée du lycée.

Entrée libre dans la mesure des places disponibles.

Lycée Louis-le-Grand, 123 rue Saint-Jacques 75005 Paris

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« Quelles priorités économiques et financières pour l’après-Obama ? » Les réponses de J. Smallhoover, président des Democrats Abroad France, et J. Gillespie, président des Republicans Overseas France, mercredi 23 mars

  • Les Démocrates veulent s’attaquer aux inégalités et à la fraude fiscale
  • Les Républicains prônent la simplification de l’édifice économique

Alors que se poursuivent les élections – très disputées – des primaires des partis Démocrate et Républicain destinées à désigner le candidat de chaque parti aux conventions de l’été, en vue de la présidentielle de novembre, les représentants en France des deux formations politiques sont venus exposer les priorités économiques et financières de chaque camp.

Pour Joseph Smallhoover, représentant des Démocrates en France, il existe un point commun sur le plan économique et social entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, à savoir la nécessité d’aider la classe moyenne américaine à retrouver un pouvoir d’achat qu’elle a perdu petit à petit. D’où la promesse d’un salaire minimum à 12 dollars de l’heure pour Clinton et à 15 dollars, pour Sanders. Tous deux préconisent des baisses d’impôts pour les classes moyennes et un relèvement des barèmes pour les plus riches, Sanders étant plus offensif sur ce point, de même que sur les hauts salaires alors que Hillary Clinton apparaît plus en retrait, tout en promettant des nouvelles règles pour les plus-values boursières.

Tous deux veulent aussi limiter les dépenses liées à l’enseignement supérieur, qui peuvent atteindre 60 000 dollars par an pour les universités les plus prestigieuses, Bernie Sanders allant jusqu’à envisager la gratuité dans certains cas, ce qui lui a valu les suffrages d’une bonne partie de la jeunesse américaine, souligne Joseph Smallhoover. Ils se rejoignent également sur la volonté de régulariser les quelque 11 millions de sans-papiers présents dans le pays. Ils s’opposent en revanche sur le Partenariat Transatlantique sur le Commerce et l’Investissement. Hillary Clinton voudrait le voir aboutir alors que Bernie Sanders préconise de rompre les négociations des deux cotés de l’Atlantique, voire de remettre en question l’ALENA signé en 1994 avec le Mexique et le Canada.

Pour James Gillespie, président des Républicains en France, parler au nom du Grand Old Party est une tâche difficile compte tenu du nombre plus important de candidats à l’investiture et du rôle majeur que joue Donald Trump. De ce fait, explique-t-il, il ne faut pas espérer avoir un programme unifié du parti républicain avant le mois de juillet. Même si le businessman Donald Trump affiche des positions plus tranchées que ses concurrents dans bien des domaines, tous se rejoignent sur un socle commun fait de simplifications destinées à améliorer la situation de la classe moyenne américaine et d’un retour au principe de défense des intérêts des Etats-Unis sur la scène internationale, diplomatique et économique.

L’effort de simplification vaut dans tous les domaines susceptibles d’encourager le développement économique du pays, à commencer par la fiscalité. Certes, le candidat conservateur Ted Cruz prône une « flat tax », à savoir l’impôt unique. Mais le parti « ne cherche plus tant à réduire l’impôt » comme l’avait fait Ronald Reagan en 1970 que de simplifier un système devenu si complexe que « seuls les riches peuvent en profiter ». Au plan des traitées et des échanges internationaux, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a finalement été victime de son succès, estime James Gillespie qui a travaillé sur les négociations de Doha. Après avoir négocié sur les sujets « les plus simples » -une réduction des droits de douane- il a fallu aborder des thèmes plus compliqués et sujets à plus de polémiques comme des normes touchant à des problèmes de santé. Il reste, estime James Gillespie qu’une grande partie des Américains se sent frustrée. Pour ne pas avoir ressenti, notamment en terme d’emplois, les effets des accords de libre-échange, les Américains demandent à ce que certains aspects en soient revus, sans remettre en cause le principe de libre circulation des biens.

Un point de divergence profond entre les deux partis réside dans l’accord de Paris sur le climat, la COP 21, sur lequel les Démocrates continuent à défendre la position prise par le président Obama, à savoir un accord global sur les engagements pris, alors que les Républicains demeurent hostiles à nombre de ses conséquences, à commencer par le recours aux énergies renouvelables et aux subventions publiques qu’il implique.

Sur tous ces sujets, beaucoup dépendra des résultats de la Convention de l’été. Pour les Républicains notamment, qui, pour la première fois depuis 1976, pourraient ne pas permettre à Donald Trump, d’obtenir la majorité absolue de 56% des délégués exigée dès le premier tour. Dans ce cas de « convention négociée », les délégués deviennent libres de voter pour qui ils veulent, y compris pour un candidat n’ayant pas concouru lors des primaires. Beaucoup dépendra, surtout, du résultat de la présidentielle de novembre mais au moins autant de la coloration politique de la majorité issue des élections au Sénat et à la Chambre des représentants qui interviendront, pour partie, lors du même scrutin et également lors du « mid term » ou mi-mandat, après les deux premières années du futur ou de la future président(e).

S.M.

URGENT : En raison d’un problème d’agenda, l’ancienne conseillère économique de l’Elysée qui va rejoindre le groupe AXA comme chef économiste, Laurence Boone, est contrainte de reporter le petit-déjeuner débat prévu le vendredi 11 mars

Nous en sommes désolés, mais, en raison d’un problème d’agenda de dernière minute, l’ancienne conseillère économique et sherpa de l’Elysée qui va rejoindre le groupe AXA comme chef économiste, Laurence Boone, est contrainte de reporter le petit déjeuner débat prévu le vendredi 11 mars à 8h30 au Procope.

Bien sur, nous vous préviendrons dès que possible d’une nouvelle date.

Le bureau de l’Ajef