Petit-déjeuner avec Xavier Huillard, PDG du groupe Vinci et président de l’Institut de l’Entreprise

Publié le 21 septembre 2012

Le jeudi 20 septembre 2012, nous avons eu le plaisir d’accueillir Xavier Huillard, PDG du groupe Vinci et président de l’Institut de l’Entreprise

Huillard

. « Nous sommes un groupe multilocal plutôt que multinational »
. A terme, Vinci doit ramener de 60% à 40% la part de ses activités en France
. Oui à la taxation à 75% des revenus supérieurs à 1 million d’euros par an, si elle est vraiment provisoire

« Il faut savoir grandir sans grossir afin de ne pas être étouffé par la « technocratisation » de la fonction centrale ». Tel est l’un des principaux messages de management délivrés par Xavier Huillard, PDG de Vinci depuis mai 2010, une entreprise où il a effectué l’essentiel de sa carrière après un passage chez Eiffage.

Le groupe, qui a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 37 milliards d’euros, emploie environ 180 000 salariés répartis dans une centaine de pays et 2300 sociétés, dirigées par des équipes locales, d’où cette notion de « multilocal » plutôt que multinational. Vinci qui réalise actuellement 34% de son activité dans le BTP/Construction, 45% dans les concessions (et 2% seulement dans les parkings) et 17% dans l’Energie, via Vinci Energie qui a doublé en 6 ans sa contribution au chiffre d’affaires, entend développer fortement ce dernier secteur fait de petits contrats (50 000 euros en moyenne). En s’appuyant sur des métiers « hyper-capitalistiques » comme les concessions et « peu capitalistiques » comme la construction, des activités de long et de court terme, le groupe parvient, selon Savier Huillard à résister aux périodes de crise. Pour l’instant, le groupe qui réalise en Europe une part importante de son activité ne souffre pas d’une conjoncture économique en berne grâce à son implantation dans les collectivités locales, moins affectées.

Le groupe compte aussi sur des opportunités nouvelles au cours des deux prochaines années, telles que les acquisitions d’aéroports au Portugal, en Grèce ou en Espagne en raison des programmes de privatisations engagés dans ces pays. Mais à terme, Vinci doit revenir de 60% de son activité réalisée en France à 40% et déplacer petit à petit son centre de gravité hors d’Europe, notamment au Brésil et en Inde.

Interrogé sur la présence du fonds souverain du Qatar à hauteur de 5,6% au capital de Vinci (via l’apport de Cegelec, rémunéré en actions), son PDG s’est félicité de cette présence qu’il considère comme un investissement à long terme. Revendiquant un « modèle humain, managérial, social et sociétal », il a rappelé que le groupe compte à présent quelque 100 000 salariés-actionaires dans le monde (un nombre doublé en dix ans) dont 90% du personnel en France.

A propos du débat sur la rémunération des dirigeants d’entreprise, Xavie Huillard qui gagne 1,8 million d’euros par an, a estimé que « dans une situation exceptionnelle qui nécessite des mesures exceptionnelles, il est naturel que ceux qui peuvent le plus, soient davantage mis à contribution que ceux qui ne le peuvent pas ». Au sujet de la future taxation à 75% des revenus supérieurs à 1 million deuros par an, il a estimé qu’il « fallait trouver la bonne limite entre solidarité et spoliation » pour une mesure annoncée comme provisoire. « Si c’est deux ans, c’est bien » a-t-il convenu.

Enfin, interrogé sur l’état de la zone euro, Xavier Huillard qui, en tant que président de l’Institut de l’Entreprise s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une « coordination accrue dans les domaines budgétaire et fiscal » a estimé qu’au delà des difficultés, la phase d’accélération de la convergence budgétaire était un fait et que « d’autres avancées vont suivre » sur la voie d’un fonctionnement plus fédéraliste de l’Union européenne.