Petit-déjeuner avec Gonzague de Blignières, fondateur et président de la société de capital investissement Raise, et Clara Gaymard, présidente de « Raise fonds de dotation », de GE France et du Women’s Forum

Publié le 26 juin 2015

Le Jeudi 25 juin 2015, nous avons eu le plaisir d’accueillir Gonzague de Blignières, fondateur et président de la société de capital investissement Raise, et Clara Gaymard, présidente de « Raise fonds de dotation », de GE France et du Women’s Forum, sur le thème « Comment aider à transformer de jeunes pousses en entreprises créatrices de croissance et d’emploi ? »

gonzague-de-blignières-clara-gaymard

– La France ne compte pas assez d’Entreprises de taille intermédiaire (ETI), ce qui constitue un puissant frein à l’emploi.
– Pour débloquer cette situation, les grands groupes doivent s’engager aux côtés des petites entreprises, et les aider à grandir.
– La solution passe par le développement d’un capital « patient »

L’une des faiblesses de l’économie française, diagnostiquent Gonzague de Blignières et Clara Gaymard, réside dans son incapacité à faire croître ses entreprises, qu’il s’agisse de start-ups récentes ou d’entreprises déjà établies. « Moins de 5% des entreprises emploient plus de 10 salariés, contre 18% en Allemagne et 23% aux Etats-Unis », soulignent-ils. Si la France se hissait à 10%, 400 000 emplois nets pourraient être créés dans l’Hexagone. Autre effet pervers de cette situation : aux Etats-Unis, nombre de grands groupes n’existaient pas dans les années 60. En France, si l’on observe la liste des entreprises du CAC 40, il n’y en a que très peu, et leur capitalisation n’est pas très importante.

Comment y remédier ? A leur échelle, les deux intervenants ont témoigné d’un dispositif original qu’ils ont mis en place depuis 2014, en créant une société de capital investissement, Raise, et une fondation sous forme de mécénat à destination des startups, Raise fonds de dotation, alimenté par les actionnaires de la société d’investissement.

Bouygues, Safran, Accor, Société Générale, Axa, familles Dassault et Bettencourt sont, parmi d’autres, les actionnaires de Raise. Ce dernier a levé au total 300 millions d’euros pour prendre des participations minoritaires (10 à 30 millions d’euros à chaque fois) dans des ETI de 50 à 500 millions d’euros de chiffre d’affaires. Particularité de ce tour de table qui réunit plus de la moitié du CAC 40: les actionnaires s’engagent à abandonner 10% (50% ?) de leurs futures plus-values au fonds de dotation. Ils ont d’ores et déjà effectué une avance de 20 millions d’euros pour lui permettre de démarrer ses activités.

« Ces sont les grandes entreprises françaises qui aident les petites », résume Gonzague de Blignières. Au programme, l’attribution de prêts d’honneur aux créateurs d’entreprise, mais aussi du conseil et un programme d’accompagnement aux entrepreneurs, qui peut durer de 4 à 18 mois. Ces derniers sont suivis par un dirigeant d’une grande entreprise de leur secteur : un directeur de Danone œuvre auprès du fondateur de la start-up « La fabrique à cookies », un responsable de Sonepar couve le créateur d’un site de vente de matériel de bricolage sur internet.

Des patrons de grandes entreprises interviennent également lors des « mardis de Raise » organisés au siège : récemment, Maurice Lévy (Publicis) est venu parler de communication avec les jeunes créateurs d’entreprise. Lors de ces réunions, les questions les plus opérationnelles sont à l’ordre du jour, depuis le recrutement jusqu’au choix de l’investisseur pour la deuxième levée de fonds.

La France a multiplié les « mesures pour l’amorçage d’entreprises » constate Clara Gaymard. « Cette effervescence a du bon car il vaut mieux avancer désorganisé que piétiner dans l’ordre ». Mais il y a un « trou dans la raquette »: 8% des nouvelles entreprises ne survivent pas à leur première année, 12% à leur troisième ou quatrième année ». Ce qui manque aujourd’hui en France, c’est l’écosystème, conclut-elle. Nous essayons d’être un accélérateur de croissance. » Pour Gonzague de Blignières, évoquant l’Allemagne des années 60 dont les banques ont investi massivement dans le « Mittelstand », « il faut du capital patient, intelligent, qui laisse les dirigeants des entreprises à la manœuvre ».