Petit-déjeuner avec Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif

Publié le 27 février 2013

Le mardi 26 février 2013, nous avons eu le plaisir d’accueillir Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif

Arnaud Montebourg

. La France offrira dans six mois « le visage de son renouveau industriel »
. En dépit de sa récente baisse, l’euro est « encore trop fort »
. Les Italiens ont dit qu’ils « n’étaient pas d’accord avec la politique imposée par les marchés »

« Il existe en fait deux Bercy : le productif et l’économique. Pour notre part, nous préparons l’avenir de l’appareil productif et, dans six mois, la France offrira « le visage de son renouveau industriel », a indiqué Arnaud Montebourg le 26 février devant les journalistes de l’AJEF. Se faisant l’avocat du « volontarisme », il a fait référence à la politique pratiquée par le président américain F-D Roosevelt au sortir de la Grande Dépression des années 30. Il y a dans notre pays des « Made in France partout », a-t-il ajouté, défendant à la fois une politique de relocalisation « qui commence à porter ses fruits » et un « marketing patriotique » que certains groupes de la grande distribution déclinent à présent dans leurs rayons, a-t-il relevé.

Le ministre du Redressement productif a évoqué par ailleurs les programmes d’avenir « pompidoliens » qu’il compte appliquer dans plusieurs filières. Dont l’automobile, autour de l’innovation, par exemple à propos du projet de moteur consommant 2 litres aux 100km qui exige d’importants investissements de la part des constructeurs. Ou encore le « TGV du futur » qui permettra de transporter 300 voyageurs de plus en transformant l’actuel système de locomotion. Par ailleurs, il s’est inscrit en faux contre l’idée d’une perte de compétitivité de la France, affirmant que le pays figure encore au 3ème rang mondial pour les investissements industriels étrangers. « L’exemple de Toyota qui a fait le choix de s’implanter en France démontre que la question du coût du travail est certes importante mais qu’elle n’est pas le déterminant principal »

Interrogé sur la valeur de l’euro (1,30 dollar),il s’est dit « content » de la baisse actuellement observée. Mais il est « encore trop fort » et sa valeur ne correspond pas aux fondamentaux économiques de la zone euro, estime-t-il. La Chancelière allemande « ne peut pas diriger seule l’Europe et fixer la parité de l’euro », a-t-il affirmé, faisant allusion aux propos de Angela Merkel en faveur d’un euro fort. « Je demande à ce que nous politisions davantage l’euro comme le font d’autres pays pour leur monnaie » a-t-il ajouté. « Je considère que la questions doit être posée à la BCE de faire comme la banque centrale d’Angleterre qui a monétisé une partie de sa dette pour soulager le contribuable britannique », a indiqué le ministre, citant également l’exemple américain où la Fed a mis en oeuvre un vaste programme de rachats d’actifs.

A propos des élections législatives en Italie qui s’étaient déroulées la veille et qui débouchent sur une impasse politique, M. Montebourg a estimé que « les Italiens ont sanctionné la politique imposée par les marchés mais aussi par l’Allemagne ». « Je pense que les peuples ne sont pas prêts à passer sous la table » a-t-il indiqué, ajoutant que « les conséquences d’un vote souverain ne devraient même pas être discutées ».