Petit-déjeuner avec Nicolas Dufourcq, directeur général de BpiFrance

Publié le 20 août 2015

Le petit-déjeuner de l’AJEF avec Nicolas Dufourcq, directeur général de BpiFrance, s’est tenu au Procope le 17 septembre 2015.

  • Présente dans 800 entreprises et indirectement dans 4000, BpiFrance injecte quelque 11 milliards d’euros par an dans l’économie
  • Il faut accélérer le retour des fonds étrangers pour que Paris redevienne une grande place financière
  • La constitution du groupe de Patrick Drahi à « des taux pratiquement dérisoires » « construit une puissance française »

Pour mesurer le chemin parcouru par Bpifrance depuis sa création, en janvier 2013, son directeur général Nicolas Dufourcq a souligné qu’elle a injecté « environ 11 milliards d’euros chaque année dans les entreprises françaises » pour promouvoir l’innovation, notamment dans les PME et les amener à s’ouvrir plus largement à l’international. L’institution est désormais « présente en direct dans 800 entreprises françaises et indirectement dans 4000 sociétés ». Cette « banque courte échelle » qui permet aux PME d’accéder au crédit, avec le cofinancement des banques privées, a porté ses prêts à l’innovation à 80 millions d’euros, une hausse de 15%, au profit d’une trentaine d’entreprises au premier trimestre 2015. Et ses opérations de catalyseur de capital risque – là aussi « toujours avec un partenaire français ou étranger »- se montent entre 600 à 800 millions d’euros par an. Avec une priorité donnée au numérique, à la biotechnologie, à la santé. Préoccupé de voir à quel point « le capital risque est cloisonné en Europe », Nicolas Dufourcq entend bien s’appuyer sur le plan Juncker et les crédits du Fonds européen d’investissement (FEI) pour multiplier des opérations transnationales en Europe.

Pour renforcer la portée internationale de son action, Bpifrance investit aussi en fonds propres hors de France, en Israël, en Indonésie, en Californie et en Chine où une structure conjointe a récemment été créée avec la China Development Bank.
Il existe désormais 3 fonds franco-chinois, un au Brésil et un sur l’Afrique pour faciliter l’implantation d’entreprises françaises et leur démarrage. Mais aussi pour que les dirigeants étrangers prennent en compte les atouts français en matière d’innovation et de technologie. Car Nicolas Dufourcq plaide pour le retour « des fonds étrangers » afin que Paris redevienne une grande place financière. Enfin, toujours sur le front international, le transfert de la gestion des garanties publiques export, actuellement du ressort de la Coface, permettra à BpiFrance de compléter sa boîte à outil internationale.

Interrogé sur la situation des PME, Nicolas Dufourcq se veut prudemment optimiste. « Le stress de trésorerie s’éloigne et les marges bénéficières sont revenues à leur niveau d’avant la crise, grâce notamment au CICE ». Mais « il nous faut leur donner la pêche en faisant du porte à porte. Nous en avons fait 75 000 en 2014 ». Après avoir créé une école des PME, une école des ETI va l’être pour offrir une panoplie complète de conseils en gestion. Et si, volontariste, il se félicite du succès de Blablacar où BpiFrance a mis quelques fonds au départ, et espère voir « revivre l’esprit entrepreneurial qui a disparu en 2000 » pour que la France « fabrique deux licornes(1) par an et non plus une tous les cinq ans», il est conscient de la difficulté du chemin à parcourir pour « accélérer la logique de la puissance » et faire croire  que « la France est un lion ». Sur cette voie, la politique de Patrick Drahi qui s’est porté acquéreur du quatrième câblo-opérateur américain, Cablevision, est-elle un bon exemple ? La réponse du directeur général de BpiFrance à cette interrogation est claire : « Comme il achète systématiquement des entreprises qui engendrent beaucoup de résultat opérationnels », Patrick Drahi peut, selon lui, « continuer à s’endetter à des taux pratiquement dérisoires ». Et si cela « construit une puissance française, tant mieux ».

FC