Petit-déjeuner avec Sébastien Soriano, président de l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes)

Publié le 20 mai 2015

Le mardi 19 mai 2015, nous avons eu le plaisir d’accueillir Sébastien Soriano, président de l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes).

Un rôle majeur, réguler l’internet et les objets connectés . L’obligation d’en finir avec les « zones blanches »
L’agenda numérique européen est en bonne voie

Nommé en janvier dernier à la présidence de l’ARCEP, une institution qu’il connaît bien pour y avoir commencé sa carrière avant de rejoindre l’Autorité de la concurrence puis le cabinet de Fleur Pellerin lorsqu’elle était à l’Economie numérique, Sébastien Soriano entend poursuivre la mutation de l’ARCEP, passée du rôle de gendarme des télécommunications à celui de régulateur de l’internet et des objets connectés.

Avec pour ambition de développer une économie mixte, située entre mode collaboratif et mode commercial. Et de nécessaires ajustements, tel la question des objets connectés qui débouche sur des problématiques nouvelles, via une inévitable bataille des standards. Sébastien Soriano insiste sur le concept de « connectivité » de la France.

Le président de l’ARCEP a passé en revue les dossiers techniques qu’il a à traiter, notamment la question de la bande de fréquence de 700 MHz qui, dit-il « a bien avancé sur la 4G » dans l’optique d’une libéralisation de cette fréquence qui permettra d’encaisser des redevances pour à terme, un montant de évalué à 2 milliards d’euros. Le problème, très grand public, des zones sans accès à un réseau, les fameuses « zones blanches ».

M. Soriano a exprimé sa confiance dans la possibilité de parvenir à un accord et à des engagements de la part des opérateurs concernées, Orange, Numéricable-SFR, Bouygues Telecom et Free. Cet espoir faisait suite à la première réunion avec Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, le 24 avril, au cours de laquelle il avait été demandé aux opérateurs de parvenir à un accord
« d’ici un mois » , des dispositions relatives à la zone rurale devant être introduites dans la « loi Macron » actuellement en fin d’examen au Parlement.

Interrogé sur le plan numérique européen destiné à permettre à l’Union de rattraper son retard sur les Etats-Unis, et dont les grands lignes ont été dévoilées le 6 mai, le président de l’ARCEP a estimé que cet agenda « ambitieux » annoncé en octobre 2013 était sur la bonne voie. Avec les accommodements inévitables lorsqu’il s’agit de négocier à 28, ou plutôt à 35 si l’on ajoute les pays non membres de l’Union mais qui sont aussi partie prenante (Islande, Turquie, Norvège, Suisse…). Ces chantiers, prévus sur 2015-2016 concernent quantité de domaines dont l’e-commerce, les télécoms, le droit d’auteur ou encore les « plate- formes internet » qui touchent autant de secteurs d’activité différents. Et donc autant de négociations serrées pour lesquelles « le moteur franco-allemand a été rallumé », estime-t-il.

Enfin, Sébastien Soriano appelle à « une nouvelle philosophie du financement » de la création et du soutien des jeunes pousses. « Il manque aujourd’hui en France des capitaux- risqueurs », poursuit-il, regrettant que la Silicon Valley soit devenue la pompe aspirante de la valeur ajoutée générée par les start-up françaises.