Petit-déjeuner avec Philippe de Fontaine Vive, Vice-Président de la Banque Européenne d’Investissement (BEI)

Publié le 4 avril 2014

Le Jeudi 3 avril 2014 , nous avons eu le plaisir d’accueillir Philippe de Fontaine Vive, Vice-Président de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), sur le thème « Les actions de la BEI pour conforter le tissu économique de la France et aider au financement des entreprises »

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– L’action de la BEI en Europe a atteint 71 milliards d’euros en 2013
– Après 7,8 milliards d’investissements en 2013, la France bénéficiera cette année de 7 à 8 milliards de crédits.
– 10% des opérations de la BEI vont à des pays non-européens.

L’Union Européenne est aujourd’hui à mi-parcours du calendrier fixé par le pacte européen de croissance rappelle Philippe de Fontaine Vive, qui, depuis 10 ans, assure la vice-présidence de la Banque Européenne d’Investissements (BEI), créée en 1958. Ce dispositif, lancé en juin 2012, prévoit de mobiliser 120 milliards d’euros d’ici à 2015 afin de stimuler l’activité européenne. La BEI doit en assurer la moitié sous forme de crédits. Dès fin 2012, les 28 États membres ont intégré son augmentation de capital à leurs lois de finances 2013, permettant à l’institution financière de prêter 71 milliards d’euros en 2013, une progression de 40% par rapport à l’année précédente
La France a particulièrement bénéficié de cette augmentation, avec 7,8 milliards d’euros d’investissements l’an dernier contre 4,3 milliards en 2012.. De plus, l’année passée, la banque a renforcé son activité dans l’Hexagone en concluant un accord historique avec la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Les deux institu tions peuvent désormais contribuer conjointement au financement de projets locaux.

En France, la BEI participe au financement d’établissements destinés aux jeunes tels que des universités ou des lycées, ainsi qu’à des réseaux de transports. Elle tente également de répondre à un impératif écologique en mettant en valeur des modes de construction durable, comme au lycée Vaclav Havel de Bègles (Gironde), le premier établissement à énergie positive construit en France. L’institution est aussi très active dans le développement de la biomasse.
Le soutien aux PME représente une autre priorité de la BEI. Elle s’est d’ailleurs associée à Bpifrance pour organiser les 2èmes assises européennes du financement des PME, qui auront lieu le 22 juin prochain La banque travaille aussi au développement du microcrédit en France, en partenariat avec l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie).

En 2014, la BEI devrait investir autant qu’en 2013 puisqu’on prévoit 7 à 8 milliards d’euros de crédits sur l’année. Pour Philippe de Fontaine Vive, son intervention en France doit participer à l’évolution « d’une culture de la subvention et de la dépense budgétaire à une culture d’investissement et d’efficacité ».

Par ailleurs, la BEI dispose d’un nouvel outil pour soutenir les projets européens : les project bonds, auxquels 5 milliards d’euros devraient être consacrés sur les 120 milliards mobilisés pour le pacte européen de croissance. Ce dispositif, lancé en juin 2012, consiste à apporter une garantie financière à certains projets. L’institution vient ainsi se substituer aux rehausseurs de crédit privés, dont beaucoup ont fait faillite suite à la crise, pour faire baisser le coût du crédit supporté par les promoteurs européens. Le vice président de la BEI indique que 5 milliards d’euros ont déjà été garantis en Espagne, en Allemagne ou encore en Angleterre. Il espère voir ce type d’opérations se développer en France d’ici à la fin de l’année.

L’intervention de l’institution financière ne s’arrête pas aux frontières de l’UE, puisque 10% de son activité est consacrée à des projets non européens. Toutefois, sa prise de risque est moindre pour ce type de prêts. En effet, le vote d’une garantie communautaire lui assure le remboursement des sommes engagées en dehors de l’Europe.
Dans le cadre de la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP), dont Philippe de Fontaine Vive a la responsabilité, la BEI intervient en Égypte mais aussi en Tunisie, où la banque investit notamment dans l’exploitation de gaz, et représente la première source de financement de projets. En revanche, elle ne peut investir en Libye car aucun accord n’a encore été passé avec l’UE, malgré la chute du régime Kadhafi.

En Ukraine, dont la crise politique est au cœur de l’actualité, la BEI continue de chercher à contribuer à l’augmentation du niveau de vie de la population pour limiter l’émigration et créer « une grande zone économique ». Les événements ukrainiens de février dernier avaient obligé la BEI à interrompre momentanément ses opérations de prêt (1,3 milliards d’euros), mais elle les a repris depuis l’arrivée du gouvernement par intérim. Tout en se montrant particulièrement prudente.

Interrogé sur la situation actuelle de l’UE, Philippe de Fontaine Vive souligne une grande divergence économique entre les États membres alors même que l’Union visait à contribuer à leur convergence. Enfin, lorsqu’il évoque la ligne politique européenne, Philippe Fontaine de Vive concède que « le centre de gravité géopolitique de l’UE s’est déplacé de Bruxelles à Aix-La-Chapelle », soulignant ainsi le poids grandissant de l’Allemagne dans les prises de décisions européennes.