Lors de la présentation des vœux à la presse du ministre de l’Economie et des Finances, le président de l’Ajef, Emmanuel Cugny, a présenté ses vœux de l’Association à Monsieur Bruno Le Maire, lundi 14 janvier

Publié le 15 janvier 2019

Retrouvez le texte des voeux du président de l’Ajef présentés le lundi 14 janvier 2019

Monsieur le ministre,

Madame la ministre,

Chères consœurs,

Chers confrères,

 

 

Permettez-moi, au nom de l’Association des Journalistes Economiques et Financiers, de vous remercier pour avoir renoué avec la tradition des vœux à la presse. Une tradition qui permet au président de l’Ajef de vous adresser quelques mots, ainsi qu’à vos collaborateurs et les personnels des administrations de Bercy avec qui nous sommes en contact et travaillons quotidiennement.

 

 

Une tradition qui peut paraître désuète dans « le Nouveau Monde », si cher au président de la République, mais qui apparaît comme un moment utile, un lien qui nous réunit pratiquement tous (ce qui est plutôt rare, de telle manière, dans le courant l’année), qui permet de se retrouver, d’échanger, se réconforter aussi, de manière confraternelle, quand certaines périodes nous obligent à se serrer les coudes.

 

 

Loin de moi l’idée d’enlever à ce moment privilégié son aspect joyeux et convivial, mais je voudrais commencer par avoir une pensée et saluer nos collègues, consoeurs et confrères, tous médias confondus, lâchement pris à partie, violemment agressés, tabassés, ces dernières semaines, pendant les manifestations, partout en France, et encore ce week-end, dans une inadmissible violence qui ne cesse de croître.

 

 

Agressés dans l’exercice de leur métier, en reportage, sur le terrain. Il ne s’agit plus de défiance envers les journalistes, mais de leur dicter ce qu’ils doivent dire ou écrire. Quant aux journaux (je pense particulièrement à la PQR) empêchés de paraître, bloqués aux imprimeries, et dont le nombre ne cesse d’augmenter… je n’en établirai pas la trop longue liste, au risque d’en oublier.

 

 

Quand une institution est attaquée, ce sont la République et la démocratie qui sont violées. Quand la presse est attaquée, c’est la Liberté qui est en danger.

 

 

Plus inquiétant est le silence coupable – que dis-je ? – : l’encouragement, l’incitation, à ces actes par certains – peu nombreux – responsables politiques. Lorsque l’un deux, il y a quelques mois (octobre), lançait à ses troupes : « Pourrissez-les partout où vous pouvez »… Pourrissez-les, ces journalistes, qualifiés d’ « abrutis » de « menteurs » et « tricheurs ». En parlant ainsi sur ce ton de haine, c’était encourager certains à passer à l’action. On voit le résultat aujourd’hui. Irresponsabilité totale. D’évidence, nous ne partageons pas la même vision de l’Humanisme.

 

 

Alors, bien sûr, il ne s’agit pas de demander une quelconque protection policière pour exercer notre métier. Mais nous devons dénoncer clairement, franchement, remettre en cause directement les personnages politiques qui, par leurs propos publics, alimentent la haine des médias et dressent les entraves à la pleine liberté du droit d’informer.

 

 

Dans ce contexte très inquiétant, notre devoir de journalistes est de pousser le débat avec l’expertise et la déontologie qui nous sont propres. Plus que jamais, notamment à l’heure des fake news dévastateurs qui prolifèrent, nous devons veiller, de manière plus insistante encore, à la rigueur de notre travail.

 

 

Vigilants nous devons être également – et nous le resterons – face à des lois qui, sous prétexte de protéger le secret des affaires, remettraient en question le droit d’investiguer, d’enquêter… d’informer, tout simplement. Comptez VRAIMENT sur notre vigilance.

 

 

Enfin, l’une des vertus des différentes crises financières que le monde a connues ces dernières années (et par ricochets l’Europe) est d’avoir incité les Français à s’intéresser à la « chose » économique : comprendre comment ça marche ! Et la crise sociale, sociétale, que nous traversons, nous impose d’apporter les bonnes réponses aux questions légitimes de nos lecteurs, auditeurs, télespectateurs, tweetos et autres internautes : donner les clefs pour comprendre ce monde de plus en plus compliqué, un univers que décrivait déjà très bien par anticipation il y a trois ans le livre intitulé « Un monde de violence – 2016 2030 ». Pour tenter également de comprendre une Europe bien mal en point avec la poussée des populismes… une Europe pourtant indispensable face aux Etats-Unis et la Chine.

 

 

Il nous faut mieux structurer le débat économique et social aujourd’hui en France. C’est ce à quoi s’attache l’AJEF à travers ses différentes activités :

 

 

* Les traditionnels petits déjeuners réguliers avec des dirigeants du monde économique et politique, auxquels vous avez récemment participé, Monsieur le Ministre.

* Les Ateliers de Bercy : je remercie encore une fois tous les personnels avec qui nous organisons ces réunions de de décryptage de points précis de l’actualité économique ; merci aux équipes du SIRCOM (service de communication.

* Les Ateliers de l’OCDE

* Notre partenariat avec les JECO (les Journées de l’Economie, à Lyon).

* Les débats que nous sommes en train de structurer

* Les rendez-vous communs que je souhaite plus nombreux avec nos amis de l’AJIS (Association de la presse sociale) car l’actualité n’est pas qu’économique ni « que » sociale… elle est économique ET sociale. Deux « disciplines » de plus en plus imbriquées dans un monde de plus en plus éclaté.

 

 

Tous ces travaux demandent du temps, de l’énergie et des moyens. Merci aux membres du Bureau de l’AJEF qui m’épaulent dans cette tache passionnante… merci aux journalistes adhérentes et adhérents, cotisants, sans qui l’AJEF n’existerait pas et ne pourrait fonctionner.

 

 

Vous l’aurez compris, Madame et Monsieur les ministres : l’AJEF, qui vient de fêter ses 60 ans, est au service des professionnels de l’information mais également du grand public, dont on dénonce parfois le manque de culture économique, négligeant trop souvent le solide bon sens dont il sait aussi faire preuve.

 

 

Comme le « Nouveau Monde » consacre visiblement le règne d’une économie « disruptive » (visiblement loin de Davos et plutôt à Versailles cette année), souhaitons que cette « disruption » ne soit pas synonyme de destruction des valeurs essentielles au ciment de notre société que sont la démocratie et la République auxquelles nous sommes tant attachés.

 

 

C’est dans cet espoir que je conclurai mon propos en vous souhaitant, Monsieur le Ministre, Madame la ministre, à vous toutes et tous ici présents, au nom de l’AJEF, une grande, belle et heureuse année. Courage… Meilleurs vœux à tous !

 

Emmanuel Cugny