« Le marché publicitaire et la communication à l’ère numérique, confronté à une conjoncture mondiale préoccupante » , avec Maurice Lévy, président du directoire de Publicis Groupe, jeudi 4 février à 08H30

Publié le 28 janvier 2016

Comment adapter notre économie à la révolution digitale ? Les entreprises françaises sont-elles suffisamment outillées face aux géants de la Silicon Valley ? Confrontée la concurrence directe de Google ou Facebook, alors qu’elle célèbre cette année ses 90 ans, la société créée par Marcel Bleustein-Blanchet est au cœur de la problématique.

. Une nouvelle crise, notamment technologique, peut survenir

. Le Data et la monétisation de l’information posent la question du partage

. La fraude publicitaire porte sur des centaines de millions de dollars

 

De retour de Davos où se tenait, à la fin janvier, l’édition 2016 du Forum économique mondial, Maurice Lévy a indiqué qu’en marge du thème central de la manifestation, la 4ème révolution industrielle en cours, les discussions ont aussi porté sur l’éventualité d’une nouvelle crise née de l’effondrement du prix des matières premières et du pétrole (avec des surcapacités qu’on ne peut absorber, les investissements excessifs réalisés dans le secteur du gaz et du pétrole de schiste) et d’autres inquiétudes de nature géostratégique.

En effet, la Chine et le Brésil sont aussi des sujets de préoccupation. Mais, souligne le président du directoire de Publicis Groupe, le danger peut venir aussi de la révolution technologique en cours et de ses conséquences « douloureuses », en matière d’emplois bien sûr, mais aussi de stratégie des entreprises. D’où l’obligation, pour Publicis, de suivre de très près les évolutions du marché et des produits, ce qui l’a conduit à réunir 350 cadres du groupe dans la Silicon valley à l’automne 2015 avec mission « de confirmer ce qu’on savait déjà ». Mais aussi d’anticiper les changements à venir au regard des quelque 100 TRILLIONS de dollars qui, d’après une étude d’Accenture, devraient être injectés dans l’économie mondiale, d’ici à 2025 au titre de la révolution numérique, les entreprises devant bénéficier de cette manne à hauteur de 25 trillions de dollars.

« Le risque d’ubérisation nous obsède ; cela peut nous arriver à nous aussi », estime Maurice Lévy, citant l’exemple de Yahoo et même de Microsoft qui, selon lui, est en train de passer à côté de la révolution en cours. Une autre préoccupation à ses yeux, réside dans les Data et la monétisation de l’information qui se développe, sans qu’on sache précisément à qui elle appartient et à qui doivent aller les importants revenus qu’elle génère. « Je pose clairement la question du partage de cette importante source de revenus sous forme de données agglomérées et revendues de la part des grands opérateurs ». Il s’agit là dune « richesse colossale en devenir », explique-t-il. « Par principe, ces données brutes appartiennent à tout le monde et il est normal que chacun en retire la part qui lui revient ».

Il s’est dit également inquiet de la fraude publicitaire qui se développe par le biais de robots virtuels, sous forme d’algorithmes. Ceux-ci cliquent automatiquement sur les e-publicités à partir de plate-formes qui détiennent les profils des consommateurs et qui facturent aussitôt sur la base du « payé à vue » (pay per view ). Une forme de fraude publicitaire qui représente bien plus que les « millions de dollars » avancés par le patron de Publicis. A en croire l’association américaine des annonceurs, ce sont plus de 7 milliards de dollars, au niveau mondial, qui devraient échapper cette année aux professionnels de la publicité.

Maurice Lévy qui pilote Publicis depuis 1987 après avoir succédé au fondateur, Marcel Bleustein-Blanchet, a indiqué qu’à l’occasion du 90ème anniversaire de l’entreprise, célébré cette année, elle organisait en juin prochain une importante manifestation, « VivaTechnology », une sorte de « mini Davos » du numérique mettant en réseau de grandes entreprises, des centaines de start-up et les grands noms du capital-risque. Avec, pour ambition, de faire de Paris, si possible dès 2017, « la place mondiale où on vient rencontrer les innovateurs et les créateurs d’entreprise ».

S.M.