L’Ajef regrette profondément l’abandon par Bercy d’une tradition qui permet à son président d’ouvrir, par une courte intervention, une cérémonie des vœux consacrée aux journalistes économiques et financiers dont la mission est de mieux faire connaître et comprendre des dossiers souvent complexes au grand public.

Publié le 12 janvier 2018

Retrouvez l’intégralité de la lettre du président de l’Ajef au Ministre de l’Economie et des Finances.

Paris, le 12 janvier 2018

 

Monsieur le ministre,

 

Les membres du Bureau de l’Association des journalistes économiques et financiers (Ajef) se joignent à moi pour vous présenter tous leurs vœux pour 2018.

 

En tant que président de l’association, et en parfait accord avec mes consoeurs et confrères les plus proches, j’aurais souhaité le faire de vive voix, comme il est de tradition depuis des années. Or, nous avons été informés par votre cabinet qu’à l’occasion de la traditionnelle cérémonie des vœux 2018, vous ne comptiez pas les adresser, à part entière, à la presse qui « couvre » la vie et la politique économique de Bercy, mais à des « corps constitués », responsables d’entreprises, etc.

 

C’est là une décision qui prive le président de l’Association des journalistes économiques et financiers de pouvoir s’adresser à sa centaine d’adhérents mais aussi, et surtout, à vous-même, Monsieur le ministre, à vos collaborateurs, et d’une façon générale aux personnels de Bercy, avec lesquels nous travaillons régulièrement et qui se voyaient ainsi salués et remerciés par l’Ajef.

 

Nous regrettons profondément cette décision visiblement dictée par des questions d’agenda et d’économies budgétaires. Indépendamment de ces considérations, cette décision nous apparait d’autant plus incompréhensible que le président de la République, pourtant parfois enclin à la transgression, a tenu à ce que ses vœux aux journalistes soient précédés, comme il est de coutume, d’une courte intervention de la présidente de la presse présidentielle, et à laquelle il a répondu en toute simplicité.

 

Votre entourage nous a proposé une rencontre « off », après la cérémonie officielle des vœux à Bercy, rencontre avec « quelques journalistes » au cours de laquelle le président de l’Ajef aurait pu vous adresser quelques mots. Ce dernier ne saurait accepter cette solution de remplacement sélective et encore plus frustrante.

 

En procédant ainsi, vous rompez unilatéralement et historiquement avec une tradition à laquelle nous tenions beaucoup, et à la relation naturelle, faite de travail en commun et d’indépendance réciproque, qui perdurait depuis plus de soixante ans entre les nombreux ministres qui se sont succédés à Bercy, et l’Association des journalistes économiques et financiers, une de plus anciennes collectivités de professionnels de l’information qui représente la presse écrite, audiovisuelle et internet. C’est là un précédent fâcheux qui semble illustrer un désintérêt pour celles et ceux dont la mission est de mieux faire connaitre et comprendre au grand public les décisions et les enjeux économiques du moment.

 

C’est d’autant plus regrettable que c’est justement dans cet esprit de collaboration entre vos directions et l’AJEF que nous avons créé, il y a une dizaine d’années, les Ateliers de Bercy, des réunions régulières de formation et d’échange entre journalistes et directeurs/directrices d’administration, lesquels fonctionnent à la parfaite satisfaction des deux parties. 

 

Le fait de ne pas pouvoir évoquer tout cela auprès de nos collègues et des collaborateurs de Bercy constitue une incompréhension doublée d’une réelle frustration qui, indéniablement, laisseront des traces auprès de nos consoeurs et confrères, dont il est à craindre que beaucoup n’estiment pas nécessaire de se déplacer pour écouter vos vœux multidirectionnels.

 

Ne voyez là aucun sentiment d’orgueil corporatiste blessé. Il s’agit simplement de savoir quelle place et quelle résonance vous accordez à l’information pour le plus grand nombre, et à l’idée que vous vous faites d’une des composantes essentielles de notre édifice démocratique.

 

Daignez malgré tout agréer, Monsieur le ministre, l’expression de nos salutations distinguées.

 

        

Emmanuel Cugny, président de l’Ajef, et le Bureau